Alimentation : nous allons cuisiner ensemble, en faisant attention à notre équilibre alimentaire, même sur un réchaud de camping ou un feu de bois. Nous utiliserons le plus possible des aliments cultivés localement, en rencontrant ceux et celles qui les cultivent et en approchant la notion d’empreinte carbone des aliments.
Bivouac : pour un humain, se retrouver la nuit dehors, c’est quitter le confort et les habitudes sociales qui mettent à distance les autres formes de « vivant ». C’est donc risquer de se sentir fragilisé·e au sein d’un milieu inhabituel. Nous apprendrons à préparer ces moments pour augmenter notre sentiment de sécurité et notre confort afin d’en retirer le plus d’apprentissages et de bons souvenirs possibles.
Confiance : En 2022, le monde peut être angoissant et notamment ce qui concerne la crise sanitaire, la perte de biodiversité ou le réchauffement climatique… Notre but est d’éviter l’éco-anxiété, sans nous voiler la face pour autant, en faisant émerger des repères accessibles en tout temps, permettant d’agir et de gagner en confiance.
Citoyenneté : pour les jeunes accueilli·e·s, notre projet vise à favoriser la connaissance a minima des institutions françaises et internationales, des droits et devoirs civiques, en relation avec les notions d’égalité, de « vivre ensemble », de participation démocratique et de lien social.
Crise : les adolescent·e·s peuvent provoquer des situations à risques "hors normes" dont il serait vain de vouloir dresser une liste, chaque situation de crise étant unique. Face à des situations qui peuvent dépasser l'entendement, tout·e·s les professionnel·le·s ont un devoir de réactivité, de réflexion et d’efficacité et disposent d'un protocole d'alerte.
Cueillette : Au gré des saisons et de nos pérégrinations, nous irons cueillir dans les espaces naturels et glaner dans les champs pour lesquels nous serons autorisés, des aliments que nous pourrons ensuite déguster ou cuisiner : champignons, mûres, myrtilles, asperges sauvages…
Défi : les 2 premières semaines du séjour permettent au groupe de se former et de coconstruire, au cours de la 3ème semaine, un défi imaginé à partir des envies, des ambitions et des capacités de chacun·e. La 4ème semaine est destinée à descendre en intensité, à consolider les acquis et à préparer la suite pour chacun des jeunes accueilli·e·s.
Descension : une société individualiste peut favoriser l’excès de compétition, la nécessité de toujours exceller, au moins en apparence et l’idéologie de la conquête, au risque du mal être. Or, en réalité, le sommet n’est qu’un lieu de passage. Il nous semble important de prêter attention aux moments de moindre intensité, de faire l’expérience de l’attente et de l’incertitude.
Empowerment : ou « augmentation du pouvoir d’agir ». En multipliant les expériences vécues avec les jeunes accueilli·e·s, notre but est l’augmentation de leur pouvoir sur les ressources dont ils·elles ont besoin pour assurer leur bien-être. La recherche de l’autonomie sans les excès de la compétition.
Écrans : il n’est pas question d’interdire l’accès aux outils numériques, mais de cadrer leur utilisation. Ainsi, ce sont les jeunes qui alimentent en contenu les « comptes » de notre association sur différents réseaux sociaux. Moins impliqué·e·s, ils·elles seront plus à même de comprendre certains rouages de ces phénomènes sociaux…
Environnement : prise de recul relative à son environnement habituel d’abord. Puis découverte de l’environnement naturel que nous apprendrons à mieux connaître et protéger. Tout comme l’environnement culturel (notamment le patrimoine vernaculaire) et enfin social, puisque nous irons régulièrement à la rencontre d’acteurs locaux pour échanger.
Formation : nous proposons aux jeunes de pouvoir choisir de rencontrer des professionnel·le·s de formations diverses. Ce sont des sympathisant·e·s de notre association qui ont accepté de figurer sur une liste et de s’engager à rencontrer les jeunes qui les solliciteraient. Le but est d’enrichir le capital social et culturel de chacun, par la rencontre, et de pouvoir renseigner précisément les jeunes sur les filières de formation.
Flore : pour sa dimension scientifique (photosynthèse, exemples de solidarité …) ou esthétique, nous portons une attention particulière à la flore et mènerons des projets destinés à observer certains phénomènes remarquables (champs de narcisses, Hêtres vénérables, Lys martagons, Mélèzes en automne…).
Genre : la mixité des groupes favorise les occasions d’aborder les processus et les rapports sociaux qui divisent, polarisent et organisent l'humanité en différentes catégories de « sexe », de « sexualité » et de « genre ».
Groupe : nous portons une très grande attention à la composition de chaque groupe accueilli et à sa dynamique, c’est-à-dire le processus de fonctionnement dans lequel ses membres s’adaptent aux différentes situations en modifiant leur structure relationnelle pour maintenir un équilibre. Mixte, limité à trois jeunes, le groupe est le lieu de la relation, de la solidarité et du partage des expériences.
Humour : nous revendiquons son utilisation pour souligner le caractère comique, absurde ou insolite de la réalité. Cela peut permettre de désamorcer une tension, de divertir pour prolonger un effort dont on ne se croyait pas capable et enfin de mieux mémoriser les informations.
Immersion : dans un petit groupe ou un espace naturel au milieu d’autres espèces vivantes. Découvrir ces environnements nouveaux et les comprendre permet de revisiter son environnement habituel. Notre proposition d’accueil est une suspension des contraintes d’identité et du poids qui les accompagne, du regard des autres qui bâtit une réputation. Une possibilité pour les jeunes accueilli·e·s de commencer à se reconstruire.
Inspiration : pour fonder notre projet et notre pratique, nous nous sommes inspirés des écrits théoriques de Valérie Boussard, Fernand Deligny, Philippe Descola, Catherine et Raphaël Larrère, Bruno Latour, David Le Breton, Jean-Louis Le Moigne, Aldo Leopold, Edgar Morin, David Thoreau, Estelle Zhong Mengual… Nous continuerons à le faire pour oxygéner cette pratique, en élargissant le champ à d’autres études et aux arts.
Joie : nous essaierons régulièrement d’atteindre ce sentiment de satisfaction intense qui vient du plaisir que l'on a à agir, à accomplir une tâche qui contribue à un certain progrès.
Kafkaïen : d’une part, il fallait bien trouver un mot commençant par « K » pour cet abécédaire et il n’y a pas de koala dans le Luberon…D’autre part, nous savons que l’existence peut parfois apparaitre sinistre, absurde et dérisoire comme l’atmosphère des œuvres de Kafka. Nous nous demanderons comment éviter le plus possible de subir de telles situations.
Luberon : notre port d’attache est le Pays d’Apt-Luberon. C’est là que nous accueillons les jeunes et que nous avons un tissé un partenariat dense avec des institutions, des associations et des particuliers. C’est un territoire à dimension humaine, qui présente à la fois des espaces naturels remarquables et une histoire riche qui a laissé des traces elles-aussi remarquables.
Marche : Dès que possible, nous utiliserons ce mode de déplacement qui « provoque un état de conscience particulier comme un cheminement intérieur […] et permet « d’être pleinement soi-même, de plain-pied dans son existence. Et non à côté de ses pompes ».
Nature et aventure : nous empruntons aux canadiens la notion d’ « intervention psycho-sociale par la nature et l’aventure », dans laquelle les activités prévues et l’environnement naturel visent à mobiliser différentes dimensions des jeunes accueilli·e·s : biologique, affective, cognitive, comportementale et sociale, dans le but de générer des apprentissages signifiants. Il ne s’agit pas de faire une intervention sociale traditionnelle dans la nature, mais plutôt de faire une intervention « par la nature ».
Observation : des choses, des êtres ou des événements, l’observation est nécessaire à l’acquisition de nouveaux repères. Elle sera régulièrement astronomique mais aussi naturaliste. Les observations, de chacun sur le déroulement du séjour, seront aussi partagées, au cours de temps de parole définis au préalable.
Participation : depuis 20 ans, différentes lois ont promu les droits des personnes accueillies par un établissement social à s’exprimer et à participer à la définition de leur accueil. Nous sommes persuadés de la nécessité de co-construire nos actions, avec les différentes parties prenantes de notre association. Pour les jeunes accueilli·e·s, plusieurs dispositions sont prévues. « Faire avec », ce n’est pas seulement faire avec les jeunes ce que l’on a décidé seul, c’est énoncer qu’il y a des principes intangibles, dont la forme initialement proposée peut être modifiée : « Qu’est-ce que tu proposes ? »
Qualité : Pour évaluer en continu la qualité des actions de notre association, nous allons nous appuyer sur la notion d’utilité sociale. Celle-ci est utilisée pour désigner les apports de l’économie sociale et solidaire et comporte à la fois une forte dimension économique (sous l’angle des richesses économiques créées ou des richesses économisées) et une revendication des bénéfices collectifs pour la société, en termes social (luttes contre les inégalité sociales, égalité hommes-femmes, cohésion et mixité sociale) ou environnemental.
Repères : l’une des visées importantes de notre projet est l’acquisition de repères simples et toujours accessibles et notamment ceux que la vie urbaine et moderne nous ont fait parfois perdre de vue… Les saisons, la place de l’humain au sein du vivant, la relation entre la carte topographique et le territoire, le dialogue intérieur de chacun, sa place dans un groupe, sa capacité à dépasser ses limites apparentes…
Rencontres : nous ne proposons actuellement pas de parrainage, mais des rencontres diverses avec des acteurs locaux ou plus lointains. Tout en pensant la protection des mineur·e·s avant tout, nous favorisons ainsi des rencontres que la géographie et la nature actuelle des relations sociales n’auraient varisemblablement pas permises
Risque : les milieux naturels présentent des aléas qu’il faut analyser pour faire baisser les risques. Les compétences et capacités pédagogiques des adultes doivent permettre d’assurer la sécurité du groupe en toutes circonstances. Le sentiment de risque, quant à lui, éprouvé lors des bivouacs ou des activités de plein air dûment encadrées, peut être recherché en ce qu’il permet aux jeunes de se plonger dans une expérience pouvant devenir une ressource identitaire.
Scolarité : Quelle que soient leurs situations antérieures en termes de scolarité, les jeunes accueilli·e·s seront accompagné·e·s au cours de leur séjour par un·e professionnel·le spécifique qui s’appuiera sur leurs besoins/compétences et sur les activités proposées pour mettre en œuvre une pédagogie adaptée à chacun et au projet du lieu de vie et d’accueil.
Sensibilité : Certains auteurs font l’hypothèse que la crise écologique actuelle est une crise de notre sensibilité à l’égard du monde vivant. Nous reprenons cette hypothèse à notre compte en l’élargissant aux relations en cours au sein des établissements sociaux. Notre lieu de vie respecte le cadre juridique donné et les règles de gestion actuelles. Mais il comporte aussi une dimension sensible et poétique que nous revendiquons pour le bien être de toutes les parties prenantes.
Soin(s) : Prendre soin des mineur·e·s dans leur globalité dès la première rencontre leur permet d’expérimenter une rencontre avec des professionnel·le·s bienveillant·e·s. Grâce à nos partenaires, ils·elles prendront aussi soin d’autres espèces vivantes. Le fait qu’ils·elles bénéficient et procurent de soins nous semblent primordial pour aborder cette notion avec chacun·e et notamment la question : « Comment je peux prendre soin de moi-même ? ».
Temporalité : aux fins de rassurer le plus possible, celle du séjour sera précisée à l’avance. En termes de repères, nous ferons ensuite attention à différents cycles pour prévoir nos activités : celui de la lune, celui de la durée d’ensoleillement, celui des saisons : la tomate que certain·e·s ramasseront en juillet aura été plantée par d’autres début mai. Ses semis auront été faits par d’autres jeunes en février, dans du terreau conçu en octobre…
Traces : En utilisant le pistage et l’éthologie, le philosophe Baptiste Morizot constate que les hommes partagent leur sens de la propriété et des frontières avec d’autres animaux. Pour lui, notre savoir-faire diplomatique s’enracine dans une compétence animale inscrite au plus profond de notre histoire évolutive et il est temps de le retrouver, dans un monde où nous vivrions « en bonne intelligence avec ce qui, en nous et hors de nous, ne veut pas être domestiqué». Nous allons tenter de suivre « ses » ou plutôt « ces » traces.
Union Internationale pour la Conservation de la Nature : l’UICN est une organisation non gouvernementale mondiale. En 2009, l’UICN a inventé et promu la notion de « solution fondée sur la nature » qui est à l’origine de notre projet : nous visons le fait que les espaces naturels présents dans le Pays d’Apt favorisent le bien-être et donc la santé, des humains de 11 à 18 ans qui y vivent, lesquels pourront, à leur tour, participer à la préservation de ces espaces naturels.
Utilité : nous ferons en sorte d’être utiles à notre environnement naturel, patrimonial et social et de prendre conscience de ce que ces échanges de services nous permettent de vivre.
Volcans : la planète Terre, créée il y a 4,6 milliards d’années est toujours en mouvement. Avoir quelques notions de géologie constitue un repère de plus et le Pays d’Apt présente pour cela des dispositions exceptionnelles (fossiles, dalles à empreintes, ocres…). Par ailleurs, nous avons tous en nous un volcan capable de se réveiller plus ou moins rapidement : la colère. Nous y prêterons une attention particulière, comme aux autres émotions, afin de favoriser la prise de consciences de leurs mécanismes et de ne pas en subir certaines conséquences.
Walk on the Wild side : Depuis Descartes, ce qui est sauvage est « à dominer » et la nature est devenue une chose matérielle exploitée par les hommes au point que l’ère de l’Anthropocène, qui vient de s’ouvrir, semble devoir mener notre écosystème vers une catastrophe incontrôlable. La notion de « wilderness », qui désigne la « nature sauvage » est issue des travaux de David Thoreau : « Je m’en allais dans les bois parce que je voulais prendre le temps de vivre, faire face seulement aux faits essentiels de la vie […] vivre assez vigoureusement et de façon spartiate pour mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie ».
Xylophage : « organisme vivant dont le régime alimentaire est composé principalement de branches, de troncs ou de racines d’arbres ». Ils sont un maillon de la chaine alimentaire. Un réseau trophique est, quant à lui, un ensemble de chaînes alimentaires reliées entre elles. Voici le type de notions que nous partageons pour que les jeunes accueilli·e·s dans le cadre de la protection de l’enfance puissent devenir aussi des protecteurs·trices de l’environnement…
Yourte : cabane, tente, grotte, habitat léger, nous serons par moment un peu nomades… expérimentant ainsi ce que cela peut apporter de liberté et de sentiment d’insécurité que nous limiterons en préparant consciencieusement nos pérégrinations…
Zoologie : comme celle de la flore, l’étude de la faune fait partie intégrante de notre projet. Que ce soit en en reconnaissant les traces (chevreuil, loup) ou en observant directement les animaux (rapaces et chamois dans le petit Luberon…).